C’est à Magic Hour que le Museo Nazionale del Cinema de Turin a fait appel pour acquérir une ScanStation 4K Lasergraphics. Présentation du premier institut dédié à la conservation du patrimoine cinématographique italien.
Créer un musée du cinéma est toujours l’affaire de passionnés… Et rassembler objets, équipements et bobines est le point de départ obligé d’une telle aventure. En France, dès 1935 à Paris, de l’autre côté des Alpes, à Turin, dès 1941…
En pleine seconde guerre mondiale naquit le premier projet dédié à la mémoire du cinéma transalpin, bien avant celui de Rome en 1949. Et c’est à Maria Adriana Prolo, passionnées et spécialiste piémontaise de l’histoire du cinéma, que Turin doit son Museo Nazionale del Cinema, avec le soutien artistique de pionniers du cinéma italien. Il est aujourd’hui en pointe dans la recherche sur la préservation des supports et l’histoire du cinéma, et à l’origine d’un vaste programme de restauration, d’initiatives d’édition, et participe activement aux manifestations cinématographiques à travers le monde : festivals et rencontres avec les protagonistes du 7e art, sans oublier sa participation à des programmes éducatifs.
Un jeune laboratoire
La cinémathèque attenante au « Museo », forte de 30 000 titres depuis les débuts du cinéma muet italien vers 1910, a ouvert en 2019 son laboratoire de restauration numérique ; elle qui avait pris l’habitude de sous-traiter ses travaux de restauration numérique dès 2015. Pour le responsable du laboratoire numérique dédié à la restauration et la conservation des œuvres, Gabriele Perrone, « C’est un petit labo, mais un labo intelligent », construit mois après mois depuis 2019, jusqu’à l’acquisition en 2021 de l’outil « le plus adapté à ses besoins » : un scanner 4K ScanStation de Lasergraphics. Pour Gabriele, qui navigue dans l’univers de la restauration du patrimoine cinématographique depuis plus de 10 ans, de l’Österreichisches Filmmuseum de Vienne en passant par la Cinémathèque suisse ou encore la Cinémathèque nationale du Mexique où il passa quelque 5 années, sa mission à la Cinémathèque de Turin est double : restaurer et archiver la collection de films muets patrimoniaux du Musée national du Cinéma, et collaborer « à toutes sortes de projets de restauration aux côtés d’instituts tels l’Imagine Ritrovata (Bologne), la Cinémathèque italienne (Rome) ou encore la Cinémathèque de Belgique… » Et ce, tout en enseignant au Centro Sperimentale di Cinematografia (CSC) à Rome l’inspection et l’identification des supports et les techniques de restauration des images.
ScanStation et supports fragiles
La mission de restauration numérique que s’est fixée le Musée vise à pouvoir traiter tous les formats en sa possession. Du 8, 9.5, 16, 35 mm jusqu’au très exotique Pathé Kok de 28 mm utilisé par les studios Pathé dans les années 1910. Gabriele Perrone justifie l’importance de scanner tous ces formats avec la ScanStation. Et notamment de « pouvoir choisir la vitesse de scan : du temps réel pour les supports en bon état jusqu’à la vitesse la plus lente, respectueuse des supports les plus fragiles. Sans oublier, note-t-il, l’avantage de l’entraînement sprocketless permettant de guider le film. Idéal pour des perfos en mauvais état, ou pour un support acétate atteint d’un syndrome du vinaigre particulièrement avancé… » Si la préparation des supports avant le scan est confiée à des labos extérieurs, les workflows post scan sont quant à eux à l’identique de tous ceux en lien avec la restauration numérique. À travers notamment la suite Diamant-Film de HS-Art, du nettoyage automatique au deflicker jusqu’à la stabilisation et les interventions manuelles. Et pour la suite, un étalonnage sur DaVinci Resolve Studio avec l’ajout du tintage de l’image, une « pratique de colorisation des scènes très en vogue à l’époque du muet », conclut Gabriele Perrone.
Enfin pour l’archivage, la Cinémathèque privilégie une conservation sur archive LTO associée à un export DCP permettant la présentation des œuvres au public dans le cadre de festivals, et une version ProRes HD. À ce jour, la Cinémathèque compte quelque 200 titres numérisés et restaurés. Un début…
On découvre au Museo Nazionale di Torino, la statue du dieu Moloch construite pour
le tournage de Cabiria (1914) réalisé par Giovanni Pastrone. Cabiria est le plus
célèbre des films muets italiens, c’est aussi le premier film de l’histoire
à avoir été projeté à la Maison Blanche. Photo (c) Jean-Pierre Dalbéra