Un si grand soleil : quand la fiction haut de gamme prend le rythme du flux
Diffusé sur France 2 depuis le 27 août 2018 (et sur RTL-TVI en Belgique depuis octobre), Un si grand soleil fut l’un des événements de la grille de rentrée 2018 de la chaîne publique. Magic Hour fait partie de l’aventure avec la conception et l’intégration de la plateforme de postproduction très haut de gamme de la nouvelle série quotidienne signée France.tv Studio, filiale production de France Télévisions, produite par Toma de Matteis.
Près de 200 collaborateurs, les moyens techniques de La Fabrique, l’entité des moyens internalisés de France Télévisions, une plateforme de 16000 m2 couverts, 2200 m2 de studios, 1600 m2 de bureaux de production, 600 m2 d’ateliers décors et la possibilité d’accueillir d’autres productions…
C’est donc aux studios de Vendargues, à quelques encablures de Montpellier, qu’est tournée la nouvelle série quotidienne de France 2. À 750 km de là, aux Studios de Saint-Cloud – Quai de Seine, a été établie la plateforme de postproduction.
Gestion des rushes en miroir
« De cette “contrainte géographique” nous en avons fait une particularité technique, précise François Lefebvre, architecte solution chez Magic Hour, et avons pris le parti de proposer à France Télévisions de procéder au déchargement des cartes caméras sur une station sur le lieu de tournage. » Aux Studios de Saint-Cloud se trouve sa sœur jumelle, alimentée en miroir via une liaison de transport optimisé en point à point IBM Aspéra, solution bien connue des diffuseurs pour les livraisons délinéarisées. Cette station reçoit les rushes à Vendargues sur sa baie locale, elle-même synchronisée avec son clone de Saint-Cloud. Les opérateurs parisiens récupèrent les rushes tout au long de la journée pour les « ingester » dans le système de postproduction architecturé autour d’un serveur Avid Nexis Entreprise de 240 To et d’une solution d’asset management Avid Interplay.
Robustesse et souplesse de l’infrastructure
Aux Studios de Saint-Cloud, si France Télévisions a fait le choix de solutions Avid, fort de ses expériences passées sur la postproduction des deux autres grandes séries quotidiennes que sont Plus belle la vie sur France 3, Demain nous appartient sur TF1, Magic Hour a imaginé pour Un si grand soleil un workflow collaboratif autour d’Interplay, et proposé une offre d’intégration avec prise en charge de l’ingénierie système. « Il fallait penser un système puissant, fiable, et bien sûr adapté à nos méthodes de travail pour réaliser une fiction quotidienne hautement qualitative alliée au rythme que connaissent les productions de flux, précise Olivier Roelens, producteur exécutif. Outre la qualité de nos trois équipes de tournage et de l’ensemble des collaborateurs de Vendargues et Saint-Cloud, un tel workflow contribue chaque jour, 5 fois par semaine, à la création d’un épisode de 22 minutes d’Un si grand soleil. »
« Pour garantir ces délais de fabrication, les temps de montage, de finishing, de mixage et d’étalonnage doivent s’inscrire dans la plus grande fluidité et la plus grande robustesse, ajoute François Lefebvre. Si les outils utilisés sont connus de tous, notre expertise quant à leur intégration sur ce type de projet s’est avérée essentielle pour assurer et sécuriser l’ensemble des processes. » Ainsi, autour du couple Nexis-Interplay gravitent cinq stations de montage et de finishing Avid Media Composer, deux stations Nuke dédiées au VFX de la série, deux stations d’étalonnage DaVinci Resolve. Deux stations de montage son et mix avec Protools et surface de contrôle S6 viennent compléter le dispositif.
Artistique & final cut
Au sommet de la pyramide créative de France.tv Studio intervient une station équipée d’un Media Composer et d’un DaVinci Resolve pour les recherches à l’usage de Christophe Canis, directeur artistique postproduction. Avec aussi des compétences de monteur et d’étalonneur, ce dernier met les épisodes à longueur, valide le montage, l’étalonnage et le mixage quotidiennement. « Garant de la continuité éditoriale, visuelle et sonore de la série, je prends en compte les demandes des réalisateurs, des producteurs et de la chaîne, et je m’assure de leur faisabilité tant en termes techniques et artistiques. Si besoin, je propose des solutions, » précise-t-il.
Stade ultime, une dernière station Media Composer est dédiée à l’insertion de l’habillage et des génériques puis à la fabrication du PAD de chaque épisode lequel sera acheminé de manière délinéarisée vers le système PAD Def de France Télévisions. Parallèlement, l’archivage est effectué sur cartouches LTO associée à un serveur et librairie Quantum Scalar i3. La production y conserve rushes, masters, éléments d’habillage et épisodes consolidés.
VFX : un mix 2D/3D pour les découvertes
Un si grand soleil est la première série quotidienne française à bénéficier de découvertes sur fond vert. Dans les studios de Montpellier, c’est à la société les Tontons Truqueurs qu’a été confiée la mise en place du système « previz-on-set » de tracking caméra et d’incrustation HalideFx signé Lightcraft Technology, visant à calculer les coordonnées nécessaires au mouvement des découvertes composées d’un mix 2D/3D. « Le système permet à ce jour de produire des plans avec découvertes dès le tournage, que nous
affinons et enrichissons en postproduction, souligne Jeanne Marchalot, directrice de la postproduction, faisant d’Un si grand soleil la seule série quotidienne bénéficiant de deux workflows : de flux pour la rapidité des processes, et de fiction lourde pour les VFX. » Sur cet aspect
VFX, l’équipe de Christophe Canis veille à la pertinence et la cohérence visuelle de la quinzaine de découvertes présente sur 7 décors truqués de la série. « En amont de ce déploiement, précise le directeur artistique, nous avons par exemple procédé aux repérages et fait réaliser par la société Do The Film un scan en photogrammétrie d’un quartier entier de Montpellier afin de le recréer en 3D. Il s’agit là d’un réel avantage permettant à la fois de jouer sur les lumières et les cieux, et d’ajouter des éléments en mouvement afin de rendre les scènes truquées encore plus réalistes. »
De la compétition à la livraison
Ainsi, en seulement six mois, d’octobre 2017 à avril 2018, la plateforme de postproduction des Studios de Saint-Cloud fut parée à traiter les premières images qui allaient constituer les 235 épisodes de la première saison de la série quotidienne. « Toute l’ingénierie et la configuration se sont déroulées sur notre site de Meudon, conclut François Lefebvre, avec un précâblage en atelier avant le transfert et le déploiement des équipements à Vendargues et aux Studios de Saint-Cloud. Dernières configurations obligent, France Télévisions a bénéficié d’un démarrage optimal, paré à recevoir les premiers ingests… »